PRÉSENTATION ET FONDEMENTS

Publié le par Nicolas - 'Abd al-RaHman



LA CROYANCE (AL-'AQIDA)




  S.5 V.54 : « Ô les croyants! Quiconque parmi vous apostasie de sa religion, Allah va faire venir un peuple qu'Il aime et qui L'aime, modeste envers les croyants et fier et puissant envers les mécréants, qui lutte dans le sentier d'Allah, ne craignant le blâme d'aucun blâmeur. Telle est la grâce d'Allah. Il la donne à qui Il veut. Allah est Immense et Omniscient. »



Paroles du Prophète Salallahu 'alayhi wa Salam relative aux ach'arites

( SOURCE )


1°) Quand ce verset descendit (S.5 V.54) le Prophète MuHammed Salallahu 'alayhi wa Salam, pointa du doigt Abu Mûsâ Al-Ach'ariyy le compagon, et il dit :

« Ce sont les descendants de cet homme. »

 

Rapporté par Al-Qadi 'Iyyad, Ibn Abi Chayba dans son musannaf, et par Al-Hakim qui a dit que le hadith est Sahih selon les conditions de Muslim



2°) Abu Moussa rapporte que le Prophète Salallahu 'alayhi wa Salam a dit (en parlant des Ach'arites) : « Ils sont de moi et je suis d'eux. »


Rapporté par Al-Bukhari dans son Sahih, chapître 74, page 538. Volume n° 5

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Quelle était la doctrine des musulmans avant l’apparition des ash`arites et des mâturîdites ?

Par Sheikh Muhammad Sa`îd Ramadân Al-Bûtî
( SOURCE )


Les ash`arites et les mâturîdites sont ceux qui ont préservé et nous ont transmis la doctrine des Gens de la Sunnah dont le Messager d’Allâh - paix et bénédictions sur lui - a fait l’éloge et qu’il a ordonné de suivre : "Attachez-vous à ma tradition et à la tradition des califes bien guidés". Les ash`arites sont ainsi désignés d’après le nom de l’Imâm `Alî Ibn Ismâ`îl Abû Al-Hasan Al-Ash`arî et les mâturîdites d’après l’Imâm Abû Mansûr Al-Mâturîdî. Les deux hommes sont des figures saillantes parmi nos pieux prédécesseurs qui ont fait triomphé la doctrine du Salaf, celle des gens de la Sunnah. Aucun des deux n’a inventé une nouvelle croyance, ni une nouvelle école religieuse.

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PRÉSENTATION
( SOURCE )


La doctrine ash'arite tire son nom de l'imam Abu al-Hasan al-Ash'ari, savant qui a vécu en Irak à la fin du 3e siècle de l'hégire. Il est considéré comme un Salaf Salih (faisant partie des 3 premières générations).


L'imam al-Ash'ari a d'abord fait partie de la doctrine rationnaliste des mu'tazilites puis, à l'âge de 40 ans (suite à un débat avec son maître mu'tazilite qui fut incapable de répondre à ses questions), il les quitta pour adopter la doctrine des muthbita (ceux qui affirment [les attributs divins]). Les muthbita était un groupe dont la croyance avait été transmise de manière ininterrompu depuis les compagnons du prophète. Il ne s'agit pas d'une nouvelle croyance ou d'un nouveau groupe.

 
L'imam al-Ash'ari, fort de son excellente connaissance des doctrines mu'tazilites qu'il avait étudié pendant des décennies, devint le champion de la défense de l'islam sunnite contre les innovations des mu'tazilites et des autres groupes déviants, et cette croyance fut attachée à son nom. Mais il n'a en réalité fait que transmettre les croyances de ses prédécesseurs. Devant la menace des innovations des groupes égarés qui risquaient de se répandre dans la oumma, il a développé un système d'explication de la croyance musulmane visant à faciliter sa défense contre les innovateurs et son apprentissage par les masses.

 
La doctrine ash'arite est depuis 1000 ans celle de la majorité de la oumma. C'est la 'aqida de la totalité des malikites, de la quasi-totalité des shafi'ites, d'un tiers des hanafites et d'une partie des hanbalites, qui eux, préfèrent se baser sur la doctrine de l'Imâm Ahmad (radiallahu anhu) en 'Aqida qui est tout comme la doctrine Ash'arite, dans le droit chemin.


Les deux tiers restants des hanafites sont quant à eux maturidites, dont le nom vient de l'imam Abu Mansur al-Maturidi. Il s'agit d'un contemporain d'al-Ash'ari qui a joué en Asie Centrale un rôle similaire à celui d'al-Ash'ari en Irak. Il n'y a pas de réelles différences entre les 2 écoles, les maturidites ont même souvent été appelés ash'arites au cours de l'histoire. Leurs fondements sont identiques, les différences reposent essentiellement dans la manière d'argumenter, la terminologie employée et d'autres éléments de cet ordre.


Il y a également quelques différences minimes qui consistent à la préférence d'un avis sur un autre dans des choses qui sont de l'ordre du possible, non de l'obligatoire ou de l'impossible.


Quant aux hanbalites, la plupart d'entre eux ont gardée une croyance très simple mais correcte (ceux qu'on appelle les hanbalites modérés, les mufawwidun).


Il faut néanmoins noter que bien que la grande majorité des savants des 4 madhahib de fiqh ont toujours été de 'aqida sunnite, il y a toutefois eux quelques déviants minoritaires qui ont suivi l'un des madhahib dans le fiqh, que cela soit des shouyoukh des madhahib qui sont tomber dans le tashbih ou des mu'tazilites qui se sont mis à suivre l'un 4 des madhahib. Tous les hanafites, malikites, shafi'ites et hanbalites ne furent pas des muthbita. Certains mu'tazilites ont adopté l'école hanafite dans le fiqh (et il y avait même quelques mujassima qui étaient hanafites dans le fiqh). Le madhhab malikite a été le plus épargné de la présence de déviants en son sein, mais chez les shafi'ites on trouvait également des mujassima et des mu'tazila qui avaient adopté l'école shafi'ite. Quant au madhhab hanbalite, il fut le plus touché, à tel point qu'à un moment de l'histoire (à l'époque de l'imam al-Ghazali), les mujassima (dits hanbalites extrémistes) faillirent devenir majoritaires dans le madhhab.


Ils ont été réfutés au 6e siècle de l'hégire par le grand savant hanbalite Ibn al-Jawzi (
à ne pas confondre avec ibn qayyim al-jawziyya, l'anthropomorphiste élève d'Ibn Taymiyyah (radiallahu anhu)) qui s'est adressé à ses pairs hanbalites en ces termes : "Si vous aviez dit: « Nous ne faisons que lire ces hadith et nous restons silencieux », personne ne vous aurait condamnés. Ce qui est honteux c'est que vous les interprétiez littéralement. N'introduisez pas subrepticement dans le madhhab de cet homme droit parmi les premiers musulmans [Ahmad Ibn Hanbal] ce qui n'en est pas. Vous avez revêtu ce madhhab d'une disgrâce honteuse, à tel point qu'on ne peut presque plus dire Hanbalite sans dire anthropomorphiste. "


Dans les autres madhahib les groupes déviants, que ce soit mu'tazilite ou mujassimite, n'ont jamais pris, à un moment quelconque de l'histoire. Aujourd'hui malheureusement, la déviance ressurgie avec la propagande wahhabite s'auto-nommant salafiste, alors que cette doctrine est bien loin de l'enseignement des Salaf (radiallahu anhuma), et nombreux sont les novices à tomber dans le piège wahhabite de nos jours.




FONDEMENTS

( SOURCE )



Une des classifications les plus répandues chez les ash'arites présente les fondements de la croyance en 50 points (ce nombre n'est pas important, si on arrangeait les mêmes croyances d'une manière différente, il serait différent).


Les croyances sont réparties entre ce qui est nécessaire (wajib), impossible (mustahil) et possible (jaiz) au sujet d'Allah et de Ses prophètes.



Les 20 premiers points concernent ce qui est nécessaire (wajib) au sujet d'Allah :


Le premier attribut nécessaire est al-sifa al-nafsiyya, c'est celui sans lequel les autres ne sauraient exister.


1) al-wujûd (l'existence)



Les 5 attributs suivants sont appelé sifât al-salbiyya, car ils nient [au sujet du Créateur ce qui lui est impropre] :


2) al-qidam (la pré-éternité), qu'Allah existe de toute éternité, avant la création du temps
3) al-baqa' (la perdurance éternelle), qu'Allah demeurera éternellement
4) al-mukhalafatu al-hawadith (la non-ressemblance aux choses créées), qu'Allah n'est similaire à Ses créatures en aucune manière (et ça inclut le fait de ne pas avoir de membres ou d'organes, de ne pas avoir une direction, un emplacement etc.)
5) qiyamu bi al-nafsihi (la subsistance par soi-même), qu'Allah n'a besoin de rien, c'est Ses créatures qui ont besoin de Lui et non Lui qui a besoin de Ses créatures (et ça inclut le fait de ne pas avoir besoin d'un endroit ou du temps)
6) al-wahdaniyya (l'unicité), qu'Allah est un dans Son essence, Ses attributs et Ses actions (qu'il soit un dans Son essence signifie qu'il n'est pas composé de parties).



Viennent ensuite les 7 sifat al-ma'ani (entitatifs) :


7) al-qudra (la puisance)
8) al-irâda (la volonté
9) al-'ilm (la connaissance)
10) al-hayât (la vie)
11) as-sam' (l'ouie)
12) al-basar (la vue)
13) al-kalâm (la parole)


Les maturidites ont adopté une classification non pas en 7 mais en 8 attributs, at-takwîn (faire entrer les choses en existence) étant pour eux un attribut distinct de la force (al-qudra) et de la volonté (al-irâda).



Puis viennent les 7 sifât al-ma'nawiyya, qu'Allah est de toute éternité (avant et après la création) :

14) qadir (puissant)
15) murid (voulant)
16) 'alim (connaissant)
17) hayy (vivant)
18) sami' (entendant)
19) basir (voyant)
20) mutakallim (parlant)



La raison de cette séparation entre sifat al-ma'ani et sifat al-man'awiyya est la nécessité de réfuter les mu'tazilites. Ceux-ci niaient les sifat al-ma'ani et affirmaient les sifat al-ma'nawiyya. Ils disaient qu'Allah est puissant mais il n'a pas l'attribut de puissance, car pour eux reconnaître les attributs signifierait une pluralité d'éternels et donc du shirk. Il disent donc qu'Allah est puissant par son essence, et que Sa puissance est Son essence, non pas un attribut. Par ailleurs, leur compréhension des sifat al-ma'nawiyya diffère de celle des ash'arites, car ces derniers disent qu'Allah est puissant etc de toute éternité, avant et après la création, alors que les mu'tazilites disaient que ce n'est qu'après la création qu'Allah a acquis Ses noms (que c'est seulement après la création qu'il peut être appelé le Créateur, seulement après avoir utilisé Sa puissance qu'il peut être appelé le Puissant etc).



Ces 13 (ou 20) attributs ne sont bien évidemment pas les seuls que les ash'arites reconnaissent à Allah. En fait, les ash'arites affirment qu'Allah est illimité et que le nombre de Ses attributs est également illimité.
Les attributs cités dans le Coran et la Sounna sont très nombreux, auxquels s'ajoutent d'autres attributs concernant lesquels nous n'avons pas été informés. Les autres attributs que la révélation et la raison nous permettent de connaître sont en fait des attributs dérivés d'un ou plusieurs de ces 13 attributs.


Par exemple, l'attribut de la miséricorde (ar-rahma) est dérivé des attributs de volonté (pour décider de faire miséricorde à quelqu'un), de la puissance (pour avoir la capacité de le faire) et de la connaissance (pour avoir connaissance de l'existence et de l'état de la personne recevant la miséricorde).


Il s'agit donc d'une classification facilitant l'apprentissage du tawhid et non une limitation du nombre d'attributs.



J'en profite pour signaler à titre de parenthèse qu'il y a 2 types d'attributs, les attributs de l'Essence (comme les 13 attributs cités et ceux également relatifs à l'Essence qui en sont dérivés) et les attributs liés aux actes qui en sont également dérivés mais qui se manifeste sous la forme d'actions (comme l'amour, la colère, la générosité etc).



Dans son ouvrage Aqâ'id al-Islam, le savant indien mawlana Mohammed Idris Kandhalawi dit à ce sujet : " Il faut savoir qu'il y a deux sortes d'attributs : les attributs de l'essence (dhâtiyya), et les attributs des actes (fi'liyya). "



Les attributs de l'essence (sifât adh-dhâtiyya) sont ceux qui ne peuvent pas exister en même temps que leurs opposés dans un même être, par exemple, la connaissance et la puissance. Allâh ta'ala a ces deux attributs en Lui, et Il n'a pas les attributs opposés, qui sont l'ignorance et la faiblesse. Cela veut dire, nauthubillah, que nous ne dirons jamais qu'Allâh ta'ala est mort, ignorant, contraint, impuissant, sourd, aveugle et muet, car la mort, l'ignorance etc. sont tous des défauts, desquels l'Essence d'Allâh ta'ala est exempte.


Les attributs des actes sont les attributs, qui peuvent exister dans un être en même temps que leurs opposés, et ils sont en relation avec les autres (c'est-à-dire qu'ils sont liés à d'autres choses que l'être dans lequel ils existent). Par exemple, donner la vie et la mort, accorder l'honneur ou infliger l'humiliation, subvenir aux besoins ou ne pas le faire, etc. De tels attributs sont appelés sifât al-fi'liyya."



Les 20 points suivants concernent ce qui est impossible (mustahil) au sujet d'Allah. Il s'agit des opposés des 20 points précédents :

21) al-'adam (la non-existence)
22) al-hudûth (la contingence)
23) al-fanâ (l'extinction)
24) al-mushâbahatu li hawadith (la ressemblance aux choses créées)
25) ihtiyâjuhu ilâ ghayrihi (le besoin d'autrui)
26) at-ta'addud (la pluralité)
27) al-'ajz (l'impuissance)
28) al-ikrah (la contrainte)
29) al-jahl (l'ignorance)
30) al-mawt (la mort)
31) as-samam (la surdité)
32) al-'ama (la cécité)
33) al-bukm (le mutisme)



Il est également impossible qu'Allah soit :


34) 'âjiz (impuissant)
35) karih (contraint)
36) jahil (ignorant)
37) mayit (mort)
38) sum (sourd)
39) a'ama (aveugle)
40) abkam (muet)



Le 41e point concerne ce qui est possible (jaiz) au sujet d'Allah :

Le 41e point est qu'Allah peut choisir de faire une ou toute des choses rationnellement possibles ou Il peut choisir de ne pas les faire. En d'autres termes, il est possible pour Lui de faire ou de ne pas faire toute chose qui n'entre pas en conflit avec les attributs nécessaires et impossibles qui viennent d'être énoncés.



Les 9 derniers points concernent les attributs des prophètes :

Les 4 premiers ce qui est obligatoire (wajib) à leur sujet :


42) qu'ils étaient honnêtes dans ce qu'ils ont dit.
43) qu'ils aient transmis en totalité le message qu'Allah leur a chargé de transmettre.
44) qu'ils étaient intelligents sans défaut mental.
45) qu'ils étaient protégés de l'erreur ; ils n'ont pas commis d'actes de désobéissance.



Les 4 suivants concerne ce qui est impossible (mustahil) au sujet des prophètes. Il s'agit de l'exact contraire des 4 précédents :

46) qu'ils aient menti dans ce qu'ils nous ont dit.
47) qu'ils aient dissimilé quelque chose qu'Allah leur a demandé de transmettre.
48) qu'ils aient été retardés mentalement.
49) qu'ils aient désobéi à Allah après la première fois qu'ils aient reçu un messager de Lui.



Le 50e point concerne ce qui est possible (jaiz) au sujet des prophètes : tous les états humains, tels que les maladies non répugnantes, se marier et avoir des enfants etc.

 


Wa Allahu a'lim
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